La COP15 qui s’ouvrira mercredi à Montréal est perçue par plusieurs comme l’occasion ou jamais de s’entendre pour enrayer le déclin de la biodiversité sur Terre. Rien de moins.
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« Il faut voir l’urgence du problème. Depuis l’ère des dinosaures, on n’a jamais été confronté à une si grande perte d’espèces », déclare Mathieu Laneuville, PDG de Réseau Environnement, qui participera à cette rencontre sur la diversité biologique.
Plus de 17 000 délégués de 192 pays sont attendus au Palais des congrès de Montréal du 7 au 19 décembre pour élaborer une entente qui éviterait le pire à la planète.
Selon un décompte récent, environ un million d’espèces animales et végétales sur 8 millions sont menacées, tandis que les êtres humains ont modifié plus de 70 % de l’environnement terrestre.
Au Canada, on apprenait cette semaine qu’une espèce sauvage sur cinq était menacée d’extinction.
Mais alors que la crise de la biodiversité attire moins l’attention que le réchauffement climatique, cette édition de la COP pourrait entrer dans l’histoire.
Photo Martin Alarie
Jérôme Dupras, biologiste
« Dans la collectivité, on considère que ça pourrait être aussi important que Paris l’a été pour le changement climatique [et la limite de réchauffement de 1,5 °C] », raconte Jérôme Dupras, biologiste et bassiste des Cowboys Fringants.
30% d’ici 2030
Tous les pays du monde pourraient, entre autres, s’engager à protéger 30 % de leurs terres et de leurs eaux d’ici 2030.
Le Québec a déjà annoncé une telle promesse et est déjà sur la bonne voie avec 17 % de son territoire mis à l’abri.
Cependant, les experts estiment que la province peut faire beaucoup mieux, mais le gouvernement n’a pas l’intention d’annoncer de nouveaux domaines lors du sommet (voir textes pages 4 et 5).
La réduction de l’utilisation des pesticides, des espèces envahissantes et des subventions néfastes pour la biodiversité est également à l’ordre du jour de la COP15.
« Pour nous, cela pourrait signifier réduire notre soutien aux pratiques forestières ou agricoles qui ont un impact sur les écosystèmes », illustre M. Dupras.
De plus, les pays en développement exigent que les pays riches transfèrent « au moins 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 » pour préserver la biodiversité.
Dépêche-toi
Chaque seconde compte pendant les pourparlers, où toutes les nations doivent parvenir à un consensus.
« Deux semaines, c’est très, très court quand il y a tant de gens qui parlent autour d’une table et que les objectifs sont si importants à négocier », prévoit avec inquiétude M. Dupras.
Le temps presse, d’autant plus que ce congrès, qui devait avoir lieu à Kunming, en Chine, en 2020, a été déplacé à Montréal à la dernière minute. Cependant, c’est la Chine qui a conservé la présidence.
A l’issue, les participants devront s’accorder sur un « Cadre Mondial de la Biodiversité », qui comportera des objectifs précis et quantifiables.
« Ce qu’on veut faire, c’est tracer une feuille de route pour les 10 prochaines années pour renverser la vapeur », explique le biologiste bien connu Jean Lemire, qui a assisté à une dizaine de ces sommets.
Un mal nécessaire
Si plusieurs manifestants entendent s’opposer à cette grand-messe de l’environnement, les experts interrogés par Le Journal y voient « un mal nécessaire ».
Une telle réunion met la pression sur les gouvernements pour qu’ils fassent des annonces ou rendent des comptes, plaide Mathieu Laneuville.
« Et on peut pleurer que ça ne va pas assez vite, que c’est bureaucratique… Mais avez-vous déjà vu une semaine où on a tant parlé collectivement de la biodiversité au Québec ? demande l’explorateur Jean Lemire.
►La population en général est également invitée à participer à plusieurs conférences et ateliers qui auront lieu dans une aire publique aménagée dans le Vieux-Port, ainsi qu’à d’autres endroits.
Les thèmes à le journal de la COP15
Protéger 30% de la planète d’ici 2030
- Des mesures pour contrer les pesticides, les plastiques et les espèces envahissantes
- La restauration des écosystèmes perturbés par l’homme
- La suppression des subventions aux entreprises qui nuisent à la biodiversité
- Reconnaissance de la participation des peuples autochtones à la préservation de la nature
- La responsabilité des pays riches pour financer la conservation de la biodiversité dans les pays pauvres
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Source : www.journaldemontreal.com