Actualité Québec | Au cours des 25 dernières années, les habitudes de consommation des Québécois ont considérablement évolué. Des changements significatifs sont observés dans les domaines du transport, de l’habitation, de l’alimentation et de la technologie. Cette évolution reflète les transformations sociales, économiques et environnementales de la société québécoise depuis l’an 2000.
Un parc automobile en pleine mutation
Le secteur automobile a connu une transformation majeure au Québec depuis l’an 2000. Le nombre de véhicules légers par 10 habitants est passé de 4,7 à 5,8 entre 2000 et 2022, soit une augmentation de 23%. Parallèlement, on observe un changement dans le type de véhicules privilégiés par les consommateurs. Alors qu’en 2000, on vendait deux fois plus de voitures que de camions (incluant fourgonnettes, VUS et camionnettes), la tendance s’est inversée 25 ans plus tard avec quatre fois plus de camions vendus que de voitures.
Cette évolution s’accompagne de l’émergence de nouvelles options de mobilité, particulièrement à Montréal. Les services d’autopartage comme Communauto, le vélopartage Bixi et le développement des transports en commun offrent désormais aux citadins un cocktail de mobilité plus diversifié. Néanmoins, dans la région métropolitaine de Montréal, la part des déplacements quotidiens en véhicule automobile se maintient autour de 65%.
L’habitation : plus grand, plus étalé
Dans le domaine de l’habitation, la tendance est à l’agrandissement et à l’étalement. Entre 2000 et 2021, la superficie moyenne par logement est passée de 112 à 133 mètres carrés, soit une augmentation de près de 20%. Parallèlement, le nombre de logements par 1000 habitants s’est accru d’environ 5%. Ces chiffres indiquent que les Québécois vivent moins nombreux dans des logements plus spacieux.
L’étalement urbain s’est également accentué, notamment dans les régions de Québec (+19%) et de Montréal (+11%) entre 2006 et 2016. Cette tendance contraste avec celle observée à Toronto, où l’étalement urbain a reculé de 3% sur la même période. Malgré cet agrandissement des espaces de vie, on note une amélioration de l’efficacité énergétique des résidences québécoises, en partie due aux progrès technologiques et au réchauffement climatique.
Mode et textile : entre fast fashion et seconde main
L’industrie du vêtement a connu un tournant majeur au début des années 2000 avec le démantèlement des quotas d’importation de vêtements au Canada. Cette évolution a donné naissance à deux tendances opposées : la fast fashion et le marché de la seconde main. Les réseaux sociaux et les plateformes de vente en ligne ont joué un rôle crucial dans ces changements, facilitant à la fois l’achat compulsif de vêtements bon marché et la revente d’articles d’occasion.
La consommation textile a atteint des niveaux préoccupants, avec une moyenne de 40 kilos de textile consommés par Québécois et par an. Cette surconsommation a des conséquences sur la qualité des vêtements disponibles dans les friperies, où les pièces durables des années 1990 se font de plus en plus rares.
Alimentation : vers une consommation plus responsable ?
Les habitudes alimentaires des Québécois ont également évolué au cours des 25 dernières années. On observe une augmentation du nombre de végétariens, motivés par des considérations éthiques ou environnementales. La consommation de viande s’est aussi transformée : alors qu’en 2000, un Canadien moyen consommait des quantités similaires de poulet, de bœuf et de porc, en 2021, la consommation de poulet (34 kg) dépassait largement celle du bœuf (24 kg) et du porc (19 kg).
Cette évolution, probablement influencée par le prix plus abordable du poulet, a des implications positives pour l’environnement, la production de poulet émettant dix fois moins de CO2 que celle du bœuf. Concernant les fruits, la banane reste le fruit le plus consommé au Canada, avec une popularité croissante depuis l’an 2000. La consommation d’ananas est également en hausse, tandis que celle des fruits locaux comme les pommes, les melons et les pêches fluctue sans tendance claire.
L’impact du numérique sur la consommation
L’avènement des smartphones a profondément modifié les habitudes de consommation des Québécois. En 2023, 86% des adultes québécois possédaient un smartphone, contre 58% en 2016 et 0% en 2000. Cette omniprésence du numérique a facilité l’accès à l’information, aux services en ligne et au commerce électronique, transformant radicalement la façon dont les consommateurs interagissent avec les produits et les marques.
L’adoption massive des technologies mobiles a également eu un impact sur les modes de consommation des médias, des loisirs et des services, avec une tendance croissante vers la dématérialisation et la personnalisation des expériences de consommation. Cette évolution numérique s’accompagne cependant d’un renouvellement fréquent des appareils, plus d’un tiers des utilisateurs prévoyant d’acheter un nouveau smartphone chaque année.
Des disparités croissantes dans les modes de consommation
L’évolution de la consommation au Québec est marquée par d’importantes disparités socio-économiques. Les inégalités de revenus se sont accentuées, particulièrement depuis la pandémie, avec un enrichissement plus rapide des plus fortunés. Cette tendance se reflète dans certains comportements de consommation, notamment dans le domaine des voyages en avion.
Entre 2008 et 2023, le nombre annuel de passagers aériens au Québec est passé de 14 à 23 millions, soit une augmentation de plus de 60%. Cette hausse significative des voyages en avion, malgré leur impact environnemental considérable, illustre les défis auxquels fait face la société québécoise en termes de consommation durable et équitable.
Pour en savoir plus sur l’évolution récente de la consommation au Québec, consultez cet article du Devoir qui offre une analyse détaillée des changements survenus au cours des 25 dernières années.
Vers une consommation plus responsable ?
Malgré l’augmentation générale de la consommation, on observe des signes encourageants d’une prise de conscience environnementale. Les émissions de gaz à effet de serre par habitant ont diminué d’environ 20% au Canada depuis l’an 2000. Cependant, cette réduction est principalement attribuée à des transformations industrielles plutôt qu’à des changements dans les habitudes individuelles de consommation.
Des initiatives comme l’adoption croissante de véhicules électriques, l’intérêt pour les produits locaux et biologiques, ainsi que la popularité grandissante de l’économie circulaire témoignent d’une évolution des mentalités. Néanmoins, ces tendances positives doivent encore se généraliser pour avoir un impact significatif sur l’empreinte écologique globale de la consommation québécoise.
Pour approfondir votre compréhension des habitudes alimentaires des Québécois, vous pouvez consulter le rapport de l’Institut national de santé publique du Québec sur la consommation alimentaire selon les recommandations du Guide alimentaire canadien.
En ce qui concerne l’évolution récente de la consommation de cannabis, le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec offre des données intéressantes sur les tendances observées entre 2018 et 2021.
Enfin, pour une perspective plus large sur l’évolution économique récente, il est intéressant de noter que l’inflation au Canada a chuté à 1,6% en septembre 2023, atteignant son niveau le plus bas depuis 2021. Cette baisse de l’inflation pourrait influencer les comportements de consommation dans les mois à venir.