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Le Québec impose aux médecins une période de cinq ans de service dans le secteur public après l’obtention de leur diplôme

Actualité Québec | Le gouvernement du Québec a déposé un projet de loi visant à obliger les nouveaux médecins à exercer dans le secteur public pendant cinq ans après l’obtention de leur diplôme. Cette mesure, qui suscite des réactions mitigées, vise à renforcer le système de santé public de la province.

Un projet de loi pour favoriser l’exercice de la médecine dans le réseau public

Le 3 décembre dernier, le ministre de la Santé du Québec a déposé un projet de loi visant à obliger les nouveaux médecins à travailler dans le secteur public pendant cinq ans après la fin de leurs études. L’objectif affiché est de « favoriser l’exercice de la médecine au sein du réseau public de la santé et des services sociaux » de la province canadienne.

Selon ce projet, les étudiants et résidents en médecine devront signer un engagement avant le début de leur formation, les obligeant à exercer au Québec à la fin de leur cursus. Des pénalités financières sont prévues en cas de non-respect de cette obligation, pouvant aller de 20 000 à 100 000 dollars canadiens par jour et par acte, voire jusqu’à 200 000 dollars canadiens en cas de récidive.

Un contexte de hausse du nombre de médecins exerçant dans le privé

Cette initiative intervient dans un contexte où le nombre de médecins exerçant exclusivement dans le secteur privé au Québec a connu une augmentation significative. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, 775 des 22 479 médecins de la province travaillent actuellement uniquement dans le privé, ce qui représente une hausse de 70% depuis 2020.

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Le Premier ministre du Québec, François Legault, avait déjà exprimé son souhait de restreindre l’accès au privé pour les jeunes médecins au début des années 2000, lorsqu’il était ministre de l’Éducation. Ce nouveau projet de loi s’inscrit donc dans la continuité de cette volonté politique.

Des réactions mitigées de la part des organisations médicales

La Fédération des médecins résidents et résidentes du Québec (FMRQ) a exprimé son inquiétude face à ces nouvelles contraintes. Son président, le Dr Ghassen Soufi, a déclaré dans un communiqué que l’organisation allait analyser la légalité des dispositions potentiellement discriminatoires visant les jeunes médecins.

De son côté, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a indiqué vouloir examiner en profondeur le projet de loi avant de le commenter publiquement. Tout en soutenant l’idée d’un système de santé public fort et accessible, l’organisation remet en question l’ajout de contraintes supplémentaires dans un contexte de pénurie de médecins.

Un débat qui s’inscrit dans une réflexion plus large sur le système de santé

Ce projet de loi s’inscrit dans un débat plus large sur l’avenir du système de santé québécois. Alors que la province fait face à des défis importants en matière d’accessibilité aux soins, certains voient dans cette mesure une tentative de renforcer le secteur public. D’autres, en revanche, craignent que ces contraintes ne découragent les futurs médecins et n’aggravent la pénurie de professionnels de santé.

Le texte doit être étudié en 2025, selon La Presse. D’ici là, le débat promet d’être animé entre les partisans d’un contrôle accru de l’exercice médical et ceux qui défendent une plus grande liberté de choix pour les praticiens.

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Des enjeux similaires dans d’autres provinces canadiennes

Le Québec n’est pas la seule province canadienne à s’interroger sur la répartition des médecins entre les secteurs public et privé. Des discussions similaires ont lieu dans d’autres régions du pays, notamment en Ontario et en Colombie-Britannique, où les gouvernements cherchent également des moyens d’attirer et de retenir les médecins dans le système public.

Cette initiative du Québec pourrait donc avoir des répercussions au-delà des frontières de la province, en alimentant le débat national sur l’organisation des soins de santé au Canada. Elle soulève également des questions sur l’équilibre entre les besoins du système public et les droits individuels des praticiens à choisir leur mode d’exercice.

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